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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/384

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comment voulez-vous donc qu’on insulte un cerf, et qu’il pense à se venger ?

Je regardai M. Sécherin ; je ne le compris pas d’abord.

Au bout de quelques moments je revins à moi et je lui dis :

— Pardon, pardon, mon cher cousin ; en vérité, je suis folle ; vous avez raison, ma sensibilité m’a égarée…

— C’est aussi ce que je me disais ; ma cousine parle de ce pauvre cerf comme d’une personne naturelle… Mais nous allons recommencer à marcher. Entendez-vous, là-bas, comme c’est beau le bruit du cor ? Vraiment, c’est bien un plaisir de roi que la chasse.

La calèche se remit en marche.

Je profitai de ce mouvement pour me livrer sans réserve aux plus amères réflexions. Je me figurais Gontran et Ursule marchant au pas l’un près de l’autre, pour se reposer d’une longue course, laissant leurs chevaux aller à l’aventure dans des allées sans fin, tapissées de verdure, abritées par les arbres nuancés des plus riches nuances de l’automne…

Heureux, aimant, ils jouissaient avec ar-