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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/128

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torture d’amour-propre qu’on ne m’ait fait subir toujours en me comparant à vous…. Enfant, mon éducation était un bienfait que je devais à votre charité ! si l’on me donnait quelque vêtement élégant, c’était encore une aumône qu’on me jetait à vos dépens ! ce n’était pas tout… pour vous toujours et partout la louange, les flatteries, les récompenses ; pour moi toujours les reproches, les punitions, les duretés. Et vous croyez que j’ai pu oublier cela, moi ! Et vous croyez que ce ne sont pas là de ces blessures dont les cicatrices sont ineffaçables ! Et vous croyez que vous êtes maintenant bien venue à me reprocher une faute et à me menacer !

— Ô mon Dieu, mon Dieu — m’écriai-je en cachant ma figure dans mes mains — l’infernale prévision de mademoiselle de Maran ne l’avait pas trompée ; elle savait dans quelle âme elle faisait germer l’envie !

— Et que m’importe ! — reprit Ursule avec une nouvelle violence ; — que m’importe la main qui m’a frappée ! Je ne pense qu’au coup que j’ai reçu. N’ai-je pas toujours et d’autant plus souffert que l’on ne m’accablait que pour