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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/129

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vous exalter ? Enfant, les punitions ; jeune fille, les mépris : voilà quel a été mon sort auprès de vous. S’est-il agi de nous marier, vous deviez, vous, prétendre aux plus brillants partis ; moi, je devais me trouver trop heureuse d’épouser quelque homme pauvre et grossier. Vous étiez si riche ! vous étiez si belle ! vous étiez remplie de si adorables qualités ! tandis que moi, au contraire, j’étais pauvre, sotte, et dépourvue de tous les agréments qui vous faisaient chérir ! Cela est arrivé, d’ailleurs, comme on nous l’avait prédit ; vous avez épousé un grand seigneur spirituel et charmant, moi j’ai épousé un homme ridicule et vulgaire. Oh ! jamais, jamais je n’oublierai, voyez-vous, ce que j’ai ressenti lorsque, devant vous qui, toute rayonnante d’orgueil et de bonheur, regardiez votre beau fiancé, on a insulté, raillé l’homme dont je rougissais de porter le nom. Oh ! comme ce rapprochement était un dernier et terrible coup qu’on me portait, comme cette fois encore on me sacrifiait, on m’immolait à vous, à l’insolent bonheur dont vous m’écrasez depuis si longtemps !

— Mais c’est horrible — m’écriai-je — mais