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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/151

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à Mathilde, au petit ange qu’elle promet à notre doux avenir, j’ai chassé ces mauvaises pensées et je lui reviens plus repentant et, ce qui vaut mieux, plus tendre, plus épris, plus passionné que jamais… — Et mon mari me baisa les mains avec une grâce enchanteresse.

Je croyais rêver.

Je ne pouvais croire ce que j’entendais. Quel revirement subit dans l’esprit de Gontran avait opéré ce changement ? Ses paroles me semblaient naturelles, sincères, il invoquait la pensée de notre enfant avec une émotion si sérieuse, que je ne pouvais supposer qu’il me mentît : et puis quel eût été son but ?

Ce bonheur inespéré, joint aux émotions si diverses de la journée, me bouleversa tellement que je tombai dans un fauteuil comme affaissée sur moi-même.

Je mis mon front dans mes deux mains pour recueillir mes idées. Après un moment de silence, je dis à Gontran :

— Pardon à mon tour, mon ami, si je ne réponds pas mieux à toutes vos ravissantes bontés ; mais, quoique bien douce, ma surprise est si profonde que je ne puis trouver de pa-