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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/159

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Lorsque les gens eurent servi le café, mademoiselle de Maran prit un air grave, solennel, et dit :

— Maintenant, nous sommes seuls et en famille, nous pouvons parler à cœur ouvert.

En disant ces mots elle tira de sa poche les lettres qu’elle avait reçues de Paris le matin, en me jetant un regard d’ironie et de méchanceté.

— Que voulez-vous dire, Madame ? — dit Gontran.

— Vous allez le savoir : mais d’abord il faut me promettre d’être calme, de ne pas vous laisser entraîner à un premier mouvement… Mais, j’y pense, Ursule, allez donc voir s’il n’est resté personne dans la salle à manger.

Ursule se leva, ouvrit la porte, regarda et revint.

— Il n’y a personne, Madame.

— Mais encore, à quoi bon toutes ces précautions ? reprit Gontran.

— Bonaparte a dit qu’il fallait laver son linge sale en famille. Passez-moi l’expression en faveur de la pensée, qui est toute pleine de bon sens… Mais avant de commencer —