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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/160

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ajouta mademoiselle de Maran en se retournant vers Ursule — il faut que je vous explique, chère petite, la contradiction apparente que vous remarquerez entre ce que je vais dire et ce que je vous ai appris.

— Comment, cela Madame ?

— J’étais convenue avec Mathilde de ne pas parler des horribles calomnies dont elle avait été victime, des affreux chagrins qui avaient empoisonné les premiers mois de son mariage… Je vous ai donc représenté votre cousine, jusqu’ici, comme la plus adorablement heureuse des créatures ; hélas ! il n’en était rien, mais rien du tout : vous allez bien le voir, et apprendre qu’au contraire, depuis qu’elle est mariée, à part quelques petits quartiers de lune de miel, la vie de notre pauvre Mathilde n’a été qu’une longue torture… et que ce n’est rien encore auprès de ce que le sort lui réserve…

À mesure que mademoiselle de Maran me parlait, Ursule me regardait avec une surprise croissante ; si je n’avais pas été si souvent trompée par son hypocrisie, j’aurais presque dit qu’elle me regardait avec intérêt.