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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/178

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accueilli Gontran quelques mois auparavant semblait presque justifier les prévisions de mademoiselle de Maran : j’étais inquiète de savoir si Gontran viendrait chez moi avant que de rentrer chez lui, je voulais lui dire combien j’étais contente de voir Ursule partir. J’attribuais cette résolution de ma cousine moins au sentiment généreux qu’à la crainte de me voir prévenir son mari de mes soupçons, ainsi que je l’en avais menacée, et d’éveiller ainsi sa défiance pour l’avenir. En cela je reconnus la justesse des conseils de madame de Richeville.

Sur les onze heures, Gontran frappa et entra chez moi.

J’interrogeai ses traits presqu’avec anxiété, tant je craignais de leur voir une expression menaçante.

Il n’en fut rien, il avait peut-être au contraire l’air plus tendre, plus affectueux encore.

— Ah ! mon ami — m’écriai-je — que mademoiselle de Maran est donc méchante !… Venir ici dans le but si odieux d’exciter entre nous peut-être une rupture violente en nous rapportant les plus affreuses calomnies.