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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/195

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langés dans les événements qui ont motivé les injustes jugements du monde, qu’il sera bien difficile de les combattre. Dans le doute, la société ne s’abstient pas, elle condamne ; aussi, je vous le répète, maintenant je me vois trop cruellement vengée des avantages que je vous enviais.

J’étais indignée de l’espèce de commisération qu’affectait Ursule ; ses louanges me révoltaient ; quoique ce qu’elle me disait sur ma réputation n’eût, hélas ! que trop de vraisemblance, je ne voulais pas en convenir devant elle.

— Je conçois — dis-je à ma cousine — que vous ayez grand besoin de croire à cette singulière répartition de la justice humaine, qui flétrirait les honnêtes femmes ! Mais ne vous hâtez pas de triompher ; quoique vous espériez le contraire, tôt ou tard chacun est jugé selon son mérite… Dispensez-vous donc de me plaindre ; quant à mes qualités, vous leur supposez une telle fin et une telle récompense que vos louanges sont autant de sarcasmes.

Ursule reprit avec un sang-froid imperturbable :