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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/225

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suis tombé dans une tristesse morne, que votre conduite incompréhensible augmente encore… Ce qui se passe en moi est étrange, je vous le répète, Ursule ; j’en suis épouvanté !… à l’agitation sourde, profonde, qui tourmente mon âme, je pressens que le plus grand événement de ma vie va… va s’accomplir !…

« Ma passion pour vous est immuable… fatale !… parce qu’elle est sans borne et sans issue… elle est immuable, fatale, parce que je vous aime mille fois plus que vous ne m’aimez !… Vous êtes la première femme qui m’ayez dominé !… près de vous, je l’avoue, je me sens d’une infériorité absolue… Vous vouliez, disiez-vous, un tyran ou un esclave… Eh bien ! vous avez un esclave… un esclave aveugle, résigné, soumis.

« J’ai honte de vous dire cela… et pourtant je vous le dis, parce que j’espère que cette humble abnégation désarmera cette ironie impitoyable qui m’a poursuivi, je crois, même au sein de ce bonheur enivrant qui, jusqu’à présent, n’a pas eu de lendemain !… Oui, il m’a semblé qu’alors j’étais à vous, et que vous