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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/249

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cer à l’espoir assez coquet de me changer de panthère en brebis, de partager mon ciel ou mon enfer. Mon Dieu ! mon cher cousin, je ne suis ni une panthère, ni un ange, ni un démon ; je ne pratique ni le ciel, ni l’enfer… je suis tout simplement une pauvre femme qui ne vous aime pas, et je fais d’autant plus aisément le vœu de vous rendre à mon amie d’enfance, que ce sacrifice m’est fort agréable, de sorte que mon dévoûment peut passer pour de l’égoïsme.

« Vous me permettrez donc de ne pas briser les liens qui m’unissent au meilleur homme du monde, afin d’aller cacher notre amour dans un pays lointain : il n’est pas besoin d’aller si loin pour cacher quelque chose qui n’existe pas… J’abdique aussi très volontairement toute souveraineté sur votre âme ; mille grâces de ce beau royaume que vous mettez si gracieusement à mes pieds. J’aime mieux vivre esclave à l’ombre protectrice d’un frais oasis que de régner sur un désert aride et desséché. N’oubliez pas, surtout, je vous en conjure, de m’épargner ces preuves de dévoûment, ces sacrifices inouïs dont vous me