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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/281

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complètement oublié, je pourrais me venger que je ne me vengerais pas. L’effet subsiste, les causes me sont maintenant indifférentes.

Après un moment de silence, Gontran s’écria :

— Mais non, non, c’est impossible, tant de froideur ne peut avoir succédé à tant de dévoûment, vous ne pouvez me traiter avec tant de cruauté !… surtout dans un moment…

— Où vous avez besoin de consolation peut-être ?… — dis-je à Gontran ; — aussi je vous assure que ce n’est pas la jalousie qui m’empêcherait de vous plaindre, mais le respect humain ; je vois trop que l’amour que vous ressentez vous sera fatal pour ne pas en être épouvantée : tout ce qui vous arrivera de malheureux ne me trouvera jamais insensible…

— Après tout, — s’écria Gontran en se levant brusquement, — je suis bien fou de m’affecter ! Comme vous le dites, Madame, notre position est désormais parfaitement tranchée ; vous ne m’aimez plus d’amour, soit : on vit parfaitement bien en ménage sans amour. Ma présence vous est importune, je vous l’épargnerai : vous vivrez de votre côté,