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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/285

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vent passer par les pâles transitions d’un refroidissement successif.

Ils vivent toujours, ou ils s’éteignent comme ils sont venus… subitement, après avoir résisté longtemps, vaillamment, aux atteintes les plus cruelles.

Oui, ces sentiments tombent et meurent tout à coup comme le guerrier qui s’aperçoit seulement en expirant qu’il est criblé de blessures et qu’il a perdu tout son sang dans le combat.

Une chose encore me surprenait et je ne savais si je devais en être fière ou honteuse… Cette désaffection me glaçait le cœur, mais bien des circonstances de ma vie m’avaient été plus douloureuses.

Était-ce du courage ? était-ce de la résignation ? était-ce de l’indifférence ?

Je surpris bientôt le secret de ma conduite.

Je me consolais de ne plus aimer M. de Lancry en songeant que toutes les puissances de mon âme seraient désormais concentrées sur un seul être. Mon cœur me trompait-il encore ? n’était-ce pas continuer d’aimer Gontran que d’idolâtrer son enfant ?