Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gontran, il faut renoncer à tout jamais à porter à Ursule ce coup que vous croyez si rude à son orgueil.

— Eh bien ! tenez, méprisez-moi, Mathilde, mais je ne puis vous le taire ; c’est depuis que vous m’avez dit ces mots, si cruels dans votre bouche : Je ne vous aime plus, que j’ai seulement senti tout ce que j’ai perdu en vous perdant… oui, ce qui rend mon chagrin plus affreux encore… c’est de ne pouvoir plus me dire : J’ai toujours là, près de moi, un cœur noble, aimant, généreux, qui oublie, qui pardonne et auquel je reviens toujours avec confiance, parce que sa bonté est inépuisable…

— Oui… ce cœur était ainsi… à vous : oh ! bien à vous, Gontran.

— Mais ce cœur est encore à moi… vous vous abusez, Mathilde… un amour comme le nôtre laisse dans le cœur des racines inaltérables ; il peut languir pendant quelque temps, mais il reparaît bientôt plus vivace que jamais. Mathilde, ne me désespérez pas, aidez-moi à vaincre cette abominable passion : je vous le jure, je n’ai jamais mieux apprécié tout ce qu’il y a de grand, d’élevé dans votre cœur…