Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! quelle serait sa rage, à cette femme, si elle nous croyait heureux, unis, tendrement occupés l’un de l’autre !… Quel coup mortel recevrait son orgueil ! Tenez, Mathilde… soyons sans pitié pour elle… venez, venez à Paris, et affectons de paraître devant elle plus passionnés que jamais ; elle aussi, alors, connaîtra les angoisses qu’elle nous a fait souffrir…

Cette étrange proposition me prouva l’exaltation de Gontran, et combien la passion est toujours aveugle et personnelle.

Il ne pouvait pas avoir dans ce moment l’intention de me blesser, et il me proposait de jouer un rôle odieux pour exciter la jalousie d’Ursule !

— Autrefois, — dis-je à mon mari, — ces paroles m’auraient fait un mal horrible, aujourd’hui elles me font tristement sourire… Hélas ! l’amour vous domine à ce point que vous ne vous apercevez pas que cette velléité d’un retour à moi est une nouvelle preuve de l’irrésitible influence qu’Ursule exerce sur vous.

— Mais cela est affreux pourtant… si cette