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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/331

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et, tout en tenant son pistolet de la main droite, il croisa ses bras sur sa poitrine, jeta un regard si ferme et si perçant sur le capitaine Le Blanc, que celui-ci baissa un moment les yeux, et M. de Saint-Pierre vit distinctement son poignet trembler, pourtant son coup partit ; hélas !… il fut bien fatal… M. de Mortagne tourna une fois sur lui-même et tomba à genoux en portant la main droite à son côté gauche… puis il se renversa en arrière en s’écriant : Ma pauvre enfant ! Vous le voyez… il pensait à vous, Mathilde…

Ses témoins le reçurent presque expirant dans leurs bras. La balle avait pénétré dans la poitrine. On le transporta à Paris avec les plus grands ménagements et, depuis hier heureusement, quoique très alarmant, son état n’a pas empiré.

Voilà, ma chère Mathilde, le triste récit que m’a fait M. de Saint-Pierre.

D’après les paroles atroces que j’ai entendu prononcer aux adversaires de M. de Mortagne, M. de Saint-Pierre pense comme moi que, sans doute, ces hommes avaient calculé leur opiniâtre et pourtant insaisissable provocation de