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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/45

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— Ceci vous semble paradoxal, c’est tout simple ; on est si peu habitué à entendre des vérités vraies, qu’elles paraissent toujours des paradoxes : au risque de passer pour folle, je vous dirai donc que vous m’aimez non seulement parce que je suis jeune et jolie, mais parce que votre orgueil, votre vanité, s’irritent de ce que, malgré vos succès passés, je ne me rends pas à vos irrésistibles séductions.

— Madame — s’écria Gontran — de grâce… parlons un peu moins de moi…

— Vous avez raison, mon cousin, nous voici bien loin de la conversation que nous devions avoir ensemble ; où en étions-nous donc ?… Ah… oui. C’est cela ; vous me demandiez humblement pardon d’avoir été assez audacieux pour embrasser la barbe de mon bonnet et pour me prendre la taille ni plus ni moins que le plus oublié de mes valseurs de l’an passé !

Au lieu de répondre à Ursule, Gontran garda un moment le silence ; puis il lui dit avec un sourire contraint :

— Vous réunissez, sans doute, Madame,