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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/47

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tien… Mais, voyons, dites… Je suis très curieux de connaître l’idéal que vous avez rêvé.

— Mon idéal ? à quoi bon, mon pauvre cousin ! il en est de tous ces héros rêvés par les jeunes filles, comme des réponses préparées d’avance ; l’on dit tout le contraire de ce qu’on voulait dire, et l’on adore tout le contraire de ce qu’on avait rêvé. Pourtant il est une première condition, sûr laquelle je serais inflexible : celui que j’aimerais devrait être complètement libre ; en un mot, garçon.

— Et pourquoi frapper les maris de cet implacable ostracisme ?

— D’abord parce que je ne daignerais pas régner sur un cœur partagé ; ensuite il y a quelque chose de ridicule dans l’allure d’un mari galantin : c’est un être amphibie qui participe à la fois de l’écolier en vacances et du père de famille révolté ; et puis, vous allez trouver cela stupide ; mais il me semble qu’un mari galant ressemble toujours… à un prêtre marié…

— Le portrait n’est assurément pas flatteur — dit Gontran en se contenant à peine.

— Ainsi vous — reprit Ursule — vous par