Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

senti, j’aie compris qu’en ce moment non-seulement Gontran, mais tout homme peut-être, devait devenir éperdument amoureux d’Ursule, tant il y avait en elle de fascination et de charme !

Non, non, Dieu ne me trompait pas en me donnant ces épouvantables pressentiments ! En me montrant le formidable orage qui se formait à l’horizon, il voulait, dans sa miséricorde infinie, qu’une pauvre mère seule et faible pût, sinon éviter, du moins conjurer peut-être les affreux malheurs qui la menaçaient.

Je me sentis presque défaillir lorsque je sortis du cabinet où j’étais cachée.

Je trouvai Gontran assis dans un fauteuil, le regard fixe, les bras croisés sur sa poitrine, dans l’attitude de la réflexion et de la stupeur.

Je fus obligée de m’appuyer légèrement sur son épaule pour le rappeler à lui-même…

Il releva vivement la tête, et me dit ces seuls mots avec une expression profonde et concentrée :

— Quelle femme !… quelle femme !… Oh !