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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/69

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il faut qu’elle parte, Mathilde, il faut qu’elle parte !

Ces paroles confirmèrent mes soupçons.

Dans la bouche de Gontran, lui toujours si maître de lui, ils avaient une signification effrayante ; il aimait cette femme ou il craignait de l’aimer.

Une idée que j’accueillis d’abord comme une inspiration divine, me poussait à apprendre à Gontran ce que je savais de la liaison d’Ursule avec M. Chopinelle ; ce dernier ayant sans doute été rangé par elle dans la catégorie des esclaves.

D’abord je ne doutai pas que le dépit d’avoir échoué là où un homme si ridicule avait réussi, ne dût inspirer à Gontran un invincible éloignement pour Ursule ; peut-être Gontran eût-il attaché d’autant plus de prix à la conquête d’Ursule, qu’il aurait cru être son premier amour.

Je voulais aussi apprendre à mon mari avec quelle fausseté, avec quelle perfidie Ursule avait amené la rupture de M. Sécherin et de sa mère… J’allais tout dire, lorsque j’hésitai ; je me demandai si ces révélations n’irriteraient