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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/8

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timents de bonheur immenses, des élans de fierté calme et majestueuse.

J’étais mère ! j’étais mère ! à cette pensée enivrante, c’étaient des accès de tendresse idolâtre pour l’être que je portais dans mon sein. Je ne pouvais croire à tant de félicité… je pressais avec force mes deux mains sur ma poitrine, comme pour bien m’assurer que je vivais.

Il me semblait qu’à chaque battement de mon cœur répondait un petit battement doux et léger : c’était celui du cœur de mon enfant.

Mon enfant… mon enfant ! Je ne pouvais me lasser de répéter ces mots bénis et charmants. Dans mon ivresse, je l’appelais, je le dévorais de caresses, j’étais comme insensée ; je baisais mes mains, je riais aux éclats de cette puérilité, un instant après je fondais en larmes : mais ces bienfaisantes larmes étaient bonnes à pleurer.

Il était, je crois, deux ou trois heures du matin.

Il me sembla que mon bonheur manquait d’air, d’espace, que j’avais besoin de me trouver face à face avec le ciel pour mieux expri-