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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/94

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avait été mordu par un serpent, et dit à mademoiselle de Maran.

— De grâce, madame, ne parlons plus de cela… Ne me rappelez pas une scène pénible…

— Comment ! que je ne parle pas de cela ! affreux ingrat que vous êtes ! Je vous dis que j’en parlerai moi… j’en veux rabâcher… Trouvez donc, s’il vous plaît, une femme qui, pour charmer le créancier de son mari, s’expose à se perdre de réputation ! Mais c’est tout bonnement sublime, cela, mon cher ami.

— Madame — s’écria Gontran — c’est une infâme calomnie ; à la face de tous, je l’ai dit tout haut à ce misérable.

— Eh mon Dieu ! je le sais bien, que c’est une calomnie, mes pauvres enfants, je sais bien que Mathilde est innocente et pure comme le jeune cygne qui sort de sa blanche coquille, mais…

Je vis où tendait la conversation que voulait engager mademoiselle de Maran, je l’interrompis et je lui dis avec une fermeté qui l’étonna comme elle étonna Gontran :

— Vous nous avez fait, madame, l’honneur de venir nous voir, nous ne pouvions nous