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Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/324

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ne peut m’être réservée… — ajouta tristement la duchesse ; — cela serait trop de bonheur. Il faut que j’expie la naissance d’Emma…

— Mais ne l’avez-vous pas déjà expiée par vos chagrins, rachetée par votre vie exemplaire ?

— Ma crainte est d’adopter trop aveuglément votre avis, j’y suis trop intéressée… Tenez, dès que M. de Rochegune sera de retour, nous en causerons avec lui ; s’il partage votre opinion, nous aviserons aux moyens de faire connaître la vérité à Emma. Bonne… mille fois bonne et sincère amie — s’écria madame de Richeville en serrant mes mains dans les siennes… — Ah ! vous méritez bien tout le bonheur dont vous jouissez enfin… Ah ! à propos de bonheur… et encore non… car le malheur des méchants ne peut pas être un bonheur pour vous… Savez-vous ce qui arrive à mademoiselle de Maran ?

— Non ? qu’est-ce donc ?

— Depuis quelques jours, elle est atteinte d’une attaque de paralysie ; elle était déjà inconsolable de la disparition de votre infernale cousine, et ce dernier coup doit lui être bien