Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/325

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cruel. Du reste, elle est si universellement détestée que personne au monde ne va la voir ; on s’affranchit même à son égard de la plus simple politesse, ou encore à peine s’informe-t-on de ses nouvelles, et reste-t-elle abandonnée aux soins de ses gens.

— Et je la plains, car son principal et plus ancien serviteur a été l’épouvante de mon enfance — lui dis-je. — Je vois encore cette physionomie sinistre, rendue plus repoussante encore par une horrible tache de vin.

— Quant à votre cousine, on croit qu’elle a quitté Paris ; toutes les recherches de votre mari pour la retrouver ont été vaines, et on dit qu’il s’est mis à jouer avec fureur pour se distraire de l’abandon d’Ursule.

Je fus sur le point de raconter à madame de Richeville l’aventure du bal masqué et de lui dire les raisons que j’avais de penser que M. de Rochegune y avait rencontré Ursule ; mais à cette aventure se rattachaient mes irrésolutions présentes : ne voulant y faire aucune allusion et ne prendre conseil que de moi-même, je me tus.