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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/10

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semblaient toutes dévouées à sa mère. Quant à ce dévouement… l’or est, hélas ! un puissant corrupteur… et M. Lugarto était bien riche.

Ces réflexions paraissent calmes, froides, presque puériles, en présence du coup dont j’étais menacée : mais elles ne m’empêchaient pas d’être en même temps assaillie de terreurs bien déchirantes.

Comme l’œil de Dieu embrasse à la fois toutes choses, j’embrassais en un instant et d’un seul regard tous les mondes de la douleur… tous les espaces du désespoir… depuis les causes les plus formidables jusqu’aux effets les plus infimes.

D’autres fois je ne pouvais pas moralement croire à cet anéantissement foudroyant de mes espérances.

Cela me paraissait surnaturel. C’était le contraire des miracles ; si palpable que fût la réalité… je me refusais d’y croire.

J’opposai à l’évidence des faits, des raisons qui me semblaient aussi puissantes, aussi immuables que les lois de la nature.

— Non… non… me disais-je, Emma ne