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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/13

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Et alors je me sentais attendrie malgré moi. Je jetais des yeux humides sur la douce et mourante figure d’Emma… La nuit était proche ; son beau visage, blanc comme de l’albâtre, semblait resplendir au milieu des ombres qui envahissaient son alcôve.

Elle sommeillait légèrement : sa pauvre figure, endolorie, abattue, avait en ce moment une magnifique expression de résignation et de souffrance candide…

Ô mon Dieu ! mon Dieu ! m’écriai-je en tombant à genoux, elle est bien affreusement malheureuse ! Mais au moins elle ignore la cause de ses maux ; elle mourrait sans regrets… et moi, je ne vivrais pas dans un désespoir éternel…

Puis songeant à ce que ce vœu avait d’horrible, comprimant mes sanglots, je demandais pardon à Emma.

Dans mon remords d’avoir conçu cette criminelle pensée, je m’exaltais jusqu’à l’héroïsme. J’entendis de nouveau la voix mystérieuse, elle faisait vibrer presque malgré moi les plus généreuses cordes de mon âme.

« Courage… courage… pauvre femme… —