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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/34

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pas la force morale nécessaire pour accomplir mon œuvre de dévouement.

— Madame, remettez-vous — me dit-il — calmez-vous, veuillez vous appuyer sur mon bras… Venez… Je vais ouvrir une des fenêtres de cette chambre ; la soirée est magnifique, quelques bouffées d’air pur et doux ne peuvent qu’être salutaires à notre pauvre malade…

Le médecin ouvrit la fenêtre qui donnait sur le jardin.

Nous étions à la fin du mois de mars, la soirée était tiède, c’était un commencement de printemps, la lune brillait au milieu des étoiles.

J’aspirai avec avidité cet air vivifiant, j’exposai mon front brûlant à cette brise douce et fraîche. Peu à peu je me calmai… Je levai

les yeux au ciel avec une résignation pleine de douleur et d’amertume.

En contemplant l’immensité du firmament, il me sembla qu’une mystérieuse communication se rétablissait entre moi et Dieu ; il me sembla entendre de nouveau cette voix qui m’avait conseillée, soutenue.

« — Courage — me disait-elle — courage,