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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/35

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noble femme, tu t’es élevée jusqu’aux plus sublimes régions du sacrifice… de la douleur sainte et grande… Tu ne peux souffrir davantage, ne laisse donc pas ton œuvre incomplète ; confie-toi en Dieu… il t’inspirera, il te donnera les moyens d’aplanir les obstacles qui maintenant te semblent insurmontables… Jamais il n’abandonne les cœurs généreux… Entre tous ceux qu’il chérit, les plus souffrants sont ceux qu’il chérit le plus… son esprit les guide… sa lumière les éclaire… sa force les soutient. »

Ces pensées me firent du bien… Elles furent à mon âme accablée ce que la brise était à mon front brûlant.

— Vous êtes mieux, n’est-ce pas, Madame ? — me dit le médecin après un long silence.

Il me sembla que sa voix était émue ; la lune éclairait en plein sa figure grave et sévère. Deux grosses larmes coulaient sur ses joues.

— Qu’avez-vous, Monsieur ? — m’écriai-je.

Il me regarda quelque temps sans me répondre, puis il me dit d’une voix attendrie :

— Vous m’avez demandé le silence, Ma-