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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/49

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à jamais séparer de moi… elle est là… elle m’appartient… Oh ! je ne l’ai pas cru… là-bas… Non, je ne veux le croire que maintenant, pour que vous ne perdiez rien de l’ivresse que vous avez causée ; et pourtant quelquefois je sentais que la force irrésistible de notre amour nous vouait au bonheur, que ce n’était plus qu’une question de temps. Tantôt je craignais vos scrupules ; tantôt, au contraire, je me désespérais. Oh ! tenez, ces jours passés loin de vous… dans cette attente, dans ce doute mortel… ont été affreux… Vous ne pouvez pas savoir les idées horribles, insensées, qui ont traversé mon esprit lorsque je pensais que dans quelques jours je pouvais être réduit à vous dire, Mathilde… adieu… et pour toujours adieu… Oh ! je veux que vous ignoriez ce que j’ai souffert… vous vous reprocheriez trop de m’avoir rendu malheureux.

— Croyez que j’aurai toujours des remords en pensant aux chagrins que je vous ai causés — dis-je machinalement.

— Mais aussi je ne suis pas généreux, Mathilde ; je ne vous dis pas que si dans ma solitude j’ai eu d’affreux jours de doute, j’ai eu