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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/50

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aussi de bien ravissantes espérances… c’est pendant un de ces moments que je me suis plu, avec un plaisir d’enfant, à faire l’esquisse d’une retraite délicieuse, que j’ai rêvée pour nous à Castellamare… Puisque vous aimez tant l’Italie… autour de nous des fleurs, sur notre tête des arbres séculaires, à nos pieds la mer, à l’horizon le Vésuve… que dites-vous de ce cadre pour notre amour ?

— Mon ami, je…

— Pardon, pardon, Mathilde, je déraisonne, c’est vrai ; n’avons-nous pas mille intérêts plus graves que ceux-ci… mille résolutions à prendre ? que dirons-nous à nos amis ? Partirai-je avant ou après vous ?… Qui prendrez-vous pour chaperon dans ce voyage ?… Mon Dieu ! ma pauvre tête, si ferme ordinairement, tourne au vent de toutes les félicités humaines… ce n’est pas ma faute si je suis si étourdi ; c’est un ouragan de bonheur qui me jette ici à vos pieds… Mais, mon Dieu !… quel air triste, accablé… Mathilde… ne soyez pas aussi folle que moi, je le veux bien… mais, au moins, que je voie un sourire sur vos lèvres, un tendre regard dans vos yeux… En vérité,