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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/52

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Je me sentais mourir… le moment était venu de frapper un coup terrible, d’ôter à M. de Rochegune non-seulement tout espoir pour le présent, mais aussi pour l’avenir ; de tuer d’un mot l’amour qu’il avait pour moi… sans cela mon sacrifice était inutile.

Pour épouser Emma, il fallait qu’il ne m’aimât plus, qu’il ne conservât aucun espoir d’être aimé par moi…

Oh ! mon Dieu !… je vous implorai ; grâce à vous j’eus du courage…

— Mais, encore une fois, Mathilde — reprit M. de Rochegune — qu’importe la visite de votre mari ?… Peut-être vous serez-vous laissé intimider par ses menacés ?…

— Des menaces ?… Non… j’aurais mieux aimé qu’il m’eût fait des menaces.

— Comment ?… que voulez-vous dire ?

— Il est au contraire venu à moi… tremblant… malheureux… avec des paroles remplies de repentir, de tendresse…

— Et vous avez pu croire à ce retour hypocrite !… vous avez peut-être senti s’éveiller en vous quelques scrupules ? Vous avez été dupe de cette comédie ?