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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/54

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Hélas ! pour comble de regret, il eut la même pensée que j’avais eue, et s’écria :

— Eh bien ! tant mieux, après tout… il a raison ; votre position, la mienne seront ainsi plus nettes ; la séparation de corps et de biens équivaut presque à un divorce… vous serez ainsi à jamais débarrassée de votre mari. — Puis il s’arrêta et me dit : — Oh ! maintenant, je conçois votre tristesse ; vous craignez avec raison le scandale d’un procès… non pour vous… mon Dieu, vous ne pouvez que gagner à voir votre conduite exposée au grand jour ; mais vous songez que la mauvaise conduite de l’homme dont vous portez le nom sera honteusement dévoilée dans ces tristes débats… cela est vrai, mais il faut bien à la fin que justice se fasse… vous vous êtes assez longtemps sacrifiée. Songez qu’une fois cette formalité remplie, la liberté de votre avenir est légalement assurée. Les derniers doutes que vous pouviez conserver sur votre droit moral seront ainsi levés…

Ma torture devenait intolérable. Je rassemblai toutes mes forces, et je dis à M. de Rochegune d’une voix brève, saccadée :