Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’heure ressentais une de ces joies insensées, divines, parce que je touchais au terme inespéré de mes rêves… Eh bien, maintenant, subitement… rien… rien… plus rien… à ce point que je cherche la place de ce gigantesque et sublime édifice jusqu’alors élevé dans mon âme avec une si sainte ardeur, pensée à pensée, souvenir à souvenir… rien… rien… plus rien… un souffle a tout fait disparaître, mais disparaître sans laisser même une ruine, un débris, une trace… Dites, dites… cela n’est-il pas étrange, Mathilde ?…

Oh ! rien ne m’était plus affreux que de l’entendre analyser ainsi le renversement de son espoir et de sa croyance en moi…

Encore une fois je fus sur le point de lui dire combien je le trompais, combien je l’aimais : Faut-il avouer cette lâcheté ? ce fut l’espèce de résignation méprisante de M. de Rochegune qui causa mon découragement passager…

Et pourtant ce mépris de sa part devait servir mes projets.

Son désespoir m’eût donné une nouvelle force en me prouvant que j’étais toujours ai-