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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/69

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mée… et il fallait que je ne fusse plus aimée.

Il continua en s’adressant à moi.

— Cela serait incompréhensible de la part de tout autre que moi… mais mon caractère est tel, que le venin le plus subtil, le plus rapide, n’est pas plus mortel que ne l’est mon mépris lorsqu’il atteint mes affections, si robustes, si vivaces qu’elles soient. — Puis il se leva brusquement : — Après tout — dit-il — l’humanité est l’humanité… pétrie d’or et de boue… Je devrais avoir pitié de votre égarement en pensant aux qualités qui le rachètent… je ne devrais pas jeter au vent de l’oubli et du néant dix années d’affection sainte et grande… dix années d’idolâtrie, de culte… mais je ne le puis pas… je me connais, je suis absolu en tout, je ne puis voir en vous qu’une divinité ou une femme vulgaire… Tant que vous avez été élevée sur votre piédestal, je vous ai adorée… Maintenant vous en descendez honteusement… maintenant vous êtes comme les autres femmes… je renie mes adorations passées.

— Ainsi — lui dis-je avec amertume — si je vous avais écouté lorsque vous me suppliiez d’oublier mes devoirs… le mépris, sans doute,