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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/70

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eût payé ce sacrifice… Comme en ce moment… vous eussiez renié nos adorations passées… car alors aussi je serais honteusement descendue de mon piédestal… Je cède à un penchant légitime… et vous me méprisez… mais si j’avais cédé à un penchant coupable ?…

Cette réflexion parut le frapper ; il resta pensif. Puis il s’écria avec une violence à peine contenue :

— Je vous ai dit, il y a longtemps, que si jamais je doutais de vous… je douterais de moi… Eh bien ! l’heure est venue… je doute de moi et de tous… Oui… malheur à vous qui avez bouleversé toutes mes notions du bien et du mal… malheur à vous qui pouvez inspirer l’aversion en accomplissant un devoir sacré… malheur à vous qui pouvez être pervertie en obéissant à un amour légitime… oui, je méprise moins encore l’hypocrisie du vice que votre vertueuse impudeur.

Et il sortit violemment.

C’en était fait… il me méprisait… il me haïssait…

De ce moment mon sacrifice fut entièrement accompli…