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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/86

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— Maintenant, Madame, je dois vous déclarer, avec cette franchise qu’on se doit entre époux… qu’il me reste pour tout avoir environ mille écus… Vous avez des diamants, des bijoux ; il faudra en faire ressources… Je vous ai, jusqu’à l’année passée, servi une pension de vingt mille francs. Vous ne devez pas avoir dépensé tout cela… car à Maran vous viviez en ermite….

— Mais, Monsieur — lui dis-je épouvantée — Il est impossible que vous soyez réduit à ces extrémités.

— Lorsqu’Ursule a disparu, il me restait environ deux cent cinquante mille francs de notre fortune. Autant par désespoir que pour m’étourdir et par besoin de tenter le sort… j’ai joué… et, comme je vous l’ai dit, j’ai très malheureusement joué, puisque j’ai tout perdu… Ceci une fois bien entendu, n’en parlons plus ; je ne me souviens jamais de l’argent que j’ai dépensé avec plaisir… à plus forte raison de celui que j’ai perdu au jeu…

— Mais alors, Monsieur — m’écriai-je — c’est donc pour me faire partager cette horrible existence que vous me forcez à revenir