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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome I, 1882.djvu/136

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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

leur ville, qui fut le premier au dit pays de Canada et aux îles de Terreneuve, comme si la ville avait contribué aux frais des dits découvertures de Jacques Cartier, qui y fût par commandement et aux dépends du roi François Ier… Posons le cas qu’un Espagnol, ou autre étranger, ait découvert quelque terre aux dépends du roi de France, savoir si les Espagnols ou autres étrangers s’attribueraient les découvertures et richesse… »

Champlain partait du principe que rien de durable n’avait été fait, après Jacques Cartier, si ce n’est la fondation de Québec, attribuable à lui, Champlain, et au sieur de Monts ; que les nouvelles découvertes, les alliances avec les Sauvages étaient choses qui dataient de six à sept ans à peine et constituaient, par là même, un privilége auquel les Malouins ne pouvaient opposer aucune réclamation.

Le président Pierre Jeannin, protecteur de Lescarbot, encouragea Champlain à ne pas renoncer à ses entreprises. On pensa qu’il était temps de placer le Canada sous l’égide d’un membre de la haute noblesse, afin de lutter avec avantage contre les brigues et les intérêts qui pouvaient nuire à la colonisation du nouveau pays.

Par l’entremise du sieur de Beaulieu, conseiller et aumônier ordinaire du roi, Champlain décida le comte de Soissons à se placer à la tête de la Compagnie du Canada. Le roi, en son conseil, nomma, le 8 octobre 1612, le comte gouverneur et lieutenant-général aux terres de l’Amérique, et celui-ci donna une commission à Champlain pour le représenter :

« Charles de Bourbon, comte de Soissons, pair et grand-maître de France, gouverneur pour le roi ès pays de Normandie et Dauphiné, et son lieutenant-général au pays de la Nouvelle-France, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

« Savoir faisons à tous qu’il appartiendra que pour la bonne et entière confiance que nous avons de la personne du sieur Samuel de Champlain, capitaine ordinaire pour le roi en la marine, et de ses sens, suffisance, pratique et expérience au fait de la marine, et bonne diligence, connaissance qu’il a au dit pays pour les diverses navigations, voyages et fréquentations qu’il y a faits et en autres lieux circonvoisins d’icelui, icelui sieur de Champlain, pour ces causes et en vertu du pouvoir à nous donné par Sa Majesté, avons commis, ordonné et député, commettons, ordonnons et députons par ces présentes notre lieutenant pour représenter notre personne au dit pays de la Nouvelle-France ; et pour cet effet lui avons ordonné d’aller se loger, avec tous ses gens, au lieu appelé Québec, étant dedans le fleuve Saint-Laurent autrement appelé la Grande-Rivière du Canada, au dit pays de la Nouvelle-France, et au dit lieu et autres endroits que le dit sieur de Champlain avisera bon être, y faire construire et bâtir tels autres forts et forteresses qu’il lui sera besoin et nécessaire pour sa conservation et de ses dits gens, lequel fort ou forts nous gardera en son pouvoir, pour au dit lieu de Québec et autres endroits en l’étendue de notre pouvoir, et tant et si avant que faire se pourra, établir, étendre et faire connoître le nom, puissance et autorité de Sa Majesté, et à icelle assujétir, soumettre et faire obéir tous les peuples de la dite terre et les circonvoisins d’icelle, et par le moyen de ce et de toutes autres voies licites les appeler, faire instruire, provoquer et émouvoir à la connaissance et service de Dieu et à la lumière de la