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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/117

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duire le tracé, parce qu’il est souvent d’un accès difficile, qu’il forcerait d’établir la route dans de mauvais terrains, et qu’il l’assujettirait à des pentes trop fortes. Alors il faut transporter le tracé à l’extrémité du lit de déjection. C’est là le deuxième cas que nous allons examiner.

Deuxième cas. — Ici se présentent tout de suite plusieurs dispositions heureuses. D’abord la route suivra le fond de la vallée : par conséquent, elle n’offrira ni ascension ni descente, et sa pente sera uniforme et très-douce. Elle sera de plus établie sur des terrains généralement fermes et stables. — Ensuite, comme les eaux n’arrivent à cette région qu’après avoir parcouru le lit de déjection dans toute sa longueur, elles doivent avoir déjà beaucoup déposé chemin faisant ; par conséquent elles arriveront chargées de moins de matières, et l’exhaussement sera moins à craindre.

Reste la difficulté d’assujettir les eaux à arriver précisément sous le pont. Elle est peut-être encore plus grande ici que sur tout autre point du lit. En effet, il résulte de la forme même qu’affectent les lits de déjection, que le passage des eaux sur un point donné devient d’autant plus indéterminé qu’on s’éloigne davantage du lieu d’où partent les arêtes de l’éventail. Cette indétermination croît pour ainsi dire avec le rayon qui exprime cet éloignement. — Il est donc indispensable de jeter sur toute la longueur du torrent des ouvrages disposés de maniera à diriger ses eaux et à les conduire sous le pont.

On peut se servir pour cela, soit de digues continues, soit de petits épis inclinés vers l’aval. Remarquons bien qu’il ne s’agit pas d’encaisser le torrent ; il s’agit seulement de l’amener sous le pont ; par conséquent, il ne sera pas nécessaire de faire des défenses aussi complètes et aussi dispendieuses que celles qui sciaient indispensables dans le cas de l’encaissement. Peut-être même les digues, continues, qui sont le système le plus coûteux, ne seraient-elles pas ici le système le plus convenable. Peut-être vaudrait-il mieux employer des épis, qui suffiraient pour imprimer une direction au torrent, et qui, ne l’emprisonnant point, rendraient son exhaussement moins rapide. — Supposons que depuis la gorge jusqu’à la rivière, le torrent soit enfermé entre deux lignes d’épis inclinés vers l’aval, et disposés de telle sorte que les eaux réfléchies par l’un soient reçues par le suivant. Ainsi contenu, le torrent cessera de divaguer. Il s’encaissera, si la pente lui suffit pour entraîner ses matières ; et s’il arrivait qu’elle fût insuffisante, il est toujours certain qu’il déposera moins volon-