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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/129

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communément ici, qui a suffi pour attirer sur ces dernières montagnes le fléau si particulier qui les désole. On verra plus bas quel est le rôle que jouent les déboisements dans la production des torrents : leur influence sans doute est puissante, mais elle ne constitue pas une raison première, et elle eût été nulle avec un autre ciel et d’autres terrains.

D’un autre côté, on ne peut pas non plus prendre en considération l’élévation absolue au-dessus du niveau des mers, considération qui placerait les Hautes-Alpes au-dessus de toutes les autres montagnes de la France[1]. Dira-t-on, par exemple, que les torrents, de même que les avalanches, les glaciers, etc., ne commencent à se montrer qu’à partir d’une certaine hauteur, et que, s’ils ne se reproduisent pas dans toute espèce de montagnes, c’est que toutes les montagnes ne s’élèvent pas jusqu’à cette limite nécessaire à leur formation ?… — Mais on répondrait à cela que les torrents apparaissent, dans les Alpes françaises, à toute sorte de hauteurs. On citerait aussi les montagnes de la Suisse, qui sont plus élevées, dans quelques parties, que les Hautes-Alpes, et qui, dans ces parties, ne présentent pas les mêmes genres de torrents.

Dira-t-on que les torrents sont le résultat d’une forme particulière de montagnes, qui se montre seulement dans les Hautes-Alpes ? — Mais on sait que les formes des montagnes sont elles-mêmes le résultat de la constitution de leurs terrains, en même temps que de la puissance plus ou moins énergique des agents extérieurs auxquels ils sont soumis[2] ; on retombe ainsi sur les deux causes déjà connues : le sol et le climat.

On pourrait pousser ce parallèle plus loin ; et en comparant ainsi avec attention les Alpes aux autres montagnes de la France, on finira par conclure que la cause véritable des torrents ne peut pas être ailleurs que dans l’alliance d’un certain genre de climat avec une certaine constitution géologique.

Sans doute, ces conditions ne sont pas tellement inhérentes aux Hau-

    l’Isère, de la Drôme et des Basses-Alpes, qui appartiennent à la même formation, et présentent également des torrents. Voir l’avant-propos.

  1. Voyez la note 12.
  2. Voyez la note 11.