Aller au contenu

Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XXVIII.


Dépérissement des forêts.

Il est aisé de comprendre maintenant tout le mal qu’a fait l’homme en déboisant imprudemment ces montagnes. Il a troublé les conditions de l’ordre établi par une longue succession de siècles. Le sol tendre, longtemps masqué sous une couverture de forêts, a été remis au jour. Cette espèce de lutte entre la gravitation et les agents atmosphériques d’un côte, tendant à niveler le terrain, et le sol de l’autre côté, s’efforçant de résister à leurs attaques ; ce long combat, où le sol avait fini par triompher, grâce au secours de la végétation, l’homme est venu le renouveler, lorsque, renversant les bois antiques, il s’est ajouté lui-même aux forces de destruction. Alors l’équilibre a été rompu, et tout l’avantage est resté du côté de la ruine et des bouleversements. — Il faut donc le reconnaître : si la cause primitive des torrents est dans la nature même du sol et du climat de ces montagnes, une seconde cause, non moins puissante, vient de l’homme, et il pâtit en ce jour des désordres qu’il a lui-même créés.

Déjà, en 1797, Fabre signalait, dans les départements du Var et des Basses-Alpes, le danger de l’imprévoyance des habitants, qui ruinaient leur pays en le déboisant[1].

  1. Voyez son Essai, pages 64 et suivantes. — Idem, pages 131 et suivantes.