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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/192

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accroissement complet, tel que ceux du premier genre. Il s’agit de l’éteindre par le secours de la végétation.

On commencerait par tracer sur l’une et l’autre des deux rives du torrent une ligne continue qui suivrait toutes les inflexions de son cours, depuis son origine la plus élevée jusqu’à sa sortie de sa gorge. La bande comprise entre chacune de ces lignes et le sommet des berges formerait ce que j’appellerai une zone de défense. Les zones des deux rives se rejoindraient dans le haut en suivant le contour du bassin, et envelopperaient ainsi le torrent dans toute son étendue, de même qu’une ceinture. Leur largeur, variable avec les pentes et avec la consistance du terrain, serait d’environ 40 mètres dans le bas ; mais elle croîtrait rapidement à mesure que la zone s’élèverait dans la montagne, et elle finirait par embrasser des espaces de 400 à 500 mètres.

Ce tracé s’appliquerait non-seulement à la branche principale du torrent, mais encore aux divers torrents secondaires qui dégorgent dans la première. Il s’appliquerait encore aux ravins que reçoit chacun des torrents secondaires ; et poursuivant ainsi de branche en branche, il ne s’arrêterait qu’à la naissance du dernier filet d’eau. De cette manière, le torrent se trouvera saisi jusque dans ses plus petites ramifications. — Comme les zones de défense, en pénétrant dans le bassin de réception, s’élargiront beaucoup ; comme d’un autre côté, les ramifications sont dans cette partie plus multipliées et plus rapprochées, il arrivera que les zones voisines se toucheront, se superposeront même, et qu’elles se confondront dans une région générale, qui couvrira toute cette partie de la montagne, sans y laisser de place vide.

Les zones de défense étant ainsi déterminées, la première partie de l’opération est achevée. C’est là en quelque sorte le tracé du travail qu’on va entreprendre.

Il s’agit maintenant, par les moyens les plus actifs et les plus prompts, d’attirer la végétation sur toute la surface de la ceinture. — Pour cela, on fera des semis et des plantations d’arbres. Là où il serait impossible de faire venir tout d’abord des arbres, on provoquera la croissance des arbustes, des buissons, des ronces… Mais dans le haut, où les zones embrassent toute l’enceinte du bassin de réception, c’est une forêt qu’il faut créer. On choisira les essences d’arbres les plus convenables : on aura recours à tous les procédés connus, voire même aux procédés qui restent encore à découvrir et qui sortiront de l’expérience. Le but de ces travaux