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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/210

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CHAPITRE XXXVIII.


La dépense du reboisement doit être à la charge de l’État.

Il n’est pas possible qu’un département tel que celui-ci, pauvre, à demi ruiné, écrasé par les impôts[1], destitué de toute industrie, dont le sol suffit à peine à nourrir ses habitants, et qui même n’y suffirait plus, si les habitants étaient moins, endurcis aux plus incroyables privations, et s’ils n’abandonnaient pas pendant une grande partie de l’année cette terre avare ; il n’est pas possible, dis-je, qu’un pays si misérable soutienne à lui seul la charge d’une aussi vaste entreprise. Vainement on lui prouverait que son salut est attaché à ce sacrifice ; l’effort étant au-dessus de ses forces, il ne pourra pas le faire.

Eh ! ne le voit-on pas ici de toutes parts ?… Chaque année, des lambeaux de terre sont arraches par les eaux à de malheureux paysans, qui voient engloutir leur dernier pain, sans qu’ils aient la puissance de le sauver par

  1. L’impôt dans les Hautes-Alpes absorbe à peu près le cinquième du revenu, tandis qu’ailleurs il ne dépasse pas le dixième. Dans l’ouvrage de M. Poussielgue (Des finances en 1817), ce département était indiqué comme devant être dégrevé du sixième de ses contributions. Il ne l’a pas été, quoique plusieurs départements, autour de lui, eussent obtenu des dégrèvements notables.