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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/215

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CHAPITRE XXXIX.


Continuation du même sujet.

Il y a donc ici un devoir à accomplir pour l’état, et ce devoir, je le conclus tout d’abord de cette unique raison : l’impuissance où est le département de prévenir sa ruine par ses propres efforts.

Sans doute, le moment est mal pris de mettre en avant de semblables motifs, et de toutes parts s’élèveront des voix pour les repousser dans le néant. N’est-on pas convenu généralement que les dépenses, qui ne profitent qu’à des localités circonscrites, resteront à la charge de ces localités, et que l’état ne s’engagera que dans celles dont l’intérêt embrasse une grande partie de son territoire ? Ces principes même ne sont-ils pas en quelque sorte sanctionnés par cette loi du 10 mai, déjà citée, qui emprisonne chaque département dans le cercle de ses propres ressources, comme si les besoins d’une contrée étaient mesurés exactement par ses revenus ? Mais nous sommes dans un siècle où, Dieu merci, le dogme de l’infaillibilité compte peu de croyants ; et là, où nous voyons une erreur, nous pouvons hautement la proclamer. Disons donc hautement que cette étroite législation, comme toutes les choses mauvaises, sera condamnée par ses fruits, dès que le temps les aura fait connaître ; et ce temps ne peut être loin, à en juger par les effets qu’elle a déjà produits ici sous tous les yeux.