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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/231

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en gravier, provenant du curage du lit, et fortifiées par des plantations, des fascinages, nu de petits murs à pierres sèches, ces travaux, qui ne sont ni dispendieux ni difficiles, qui n’exigent aucun art, et ne demandent que des soins d’entretien, seraient laissés à faire aux riverains. — Or ce cas serait le plus général, puisque le résultat des reboisements aura été d’affaiblir les torrents, de rendre les endiguements de plus en plus faciles et économiques, et par suite, les ouvrages d’art de moins en moins nécessaires (Chapitre 36).

Dans ce cas donc, qui sera le plus fréquent, le concours de l’administration se bornera à faire lever par ses employés le plan du torrent, et à fixer aux riverains l’alignement suivant lequel les défenses devront être construites. — Le levé de ces plans ne laisserait pas d’être un ouvrage assez considérable. Il exigerait qu’on renforçât ici, pendant quelques années, le personnel des ponts et chaussées. — Ces plans, certifiés par les ingénieurs qui les auraient dressés, puis soumis à toutes les formalités de l’enquête et dûment approuvés, seraient déposés au chef-lieu des communes qu’elles concernent, de même qu’on le fait pour les plans du cadastre. Chaque commune aurait donc sous la main le plan de tous les torrents qui traversent son territoire et chaque propriétaire pourrait les consulter au besoin.

Il serait bon qu’on affectât ensuite au service des torrents un certain nombre de conducteurs, qui seraient spécialement chargés de faire observer les alignements prescrits, soit en les traçant eux-mêmes sur le terrain, soit en dénonçant par des procès-verbaux les propriétaires qui auraient fait la faute de ne s’y point conformer. — Plusieurs fois les préfets ont sollicité l’organisation de ce service spécial ; plusieurs fois aussi ils ont insisté sur la nécessité de procéder à un levé général des plans des torrents, et ces plans existent déjà pour quelques-uns de ces cours d’eau.

Les alignements une fois déterminés, pour encourager les travaux partiels des propriétaires, et arriver le plus promptement possible à un encaissement général, il serait nécessaire que la législation révisât tout ce qui tient à la construction des défenses ; qu’elle dégageât ces questions des liens de l’ordre judiciaire, qui embarrassent inutilement les riverains, les condamnent à l’inaction ou les jettent dans d’affligeantes hostilités, et nuisent ainsi à tout le monde sans profiter à personne. Il faudrait qu’elle élargît et légitimât les attributions de l’administration qui, ayant plus près de sa main le secours de la science, plus exercée d’ailleurs à manier les questions qui touchent à l’intérêt général, devrait seule être