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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/239

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effet, qui est précisément le but dominant de nos travaux, celui qui doit mettre un terme aux maux présents, et qu’il est le plus pressant d’atteindre, il demeure bien établi que cet effet-là, loin d’être séculaire, sera presque instantané, et qu’il se fera sentir dès les premiers essais.

Si, abandonnant toute contestation sur les points précédents et abordant enfin la dernière objection, on venait à attaquer les mesures réglementaires, la discussion se trouverait transportée sur un champ nouveau, où les plus solides raisons me semblent encore être de notre côté.

À quoi se réduisent en effet tous ces règlements qu’on attaque ? — Les uns à introduire des sujétions dans la culture des terres ; les autres, à mettre une règle dans le pâturage des troupeaux.

En admettant d’abord que ces mesures imposent temporairement des sacrifices à quelques particuliers ou à quelques communes, n’est-il pas vrai que des gênes qui ne pèsent que sur quelques intérêts privés, et qui ne sont d’ailleurs que momentanés, ne peuvent prévaloir sur un intérêt général, ni empêcher l’accomplissement d’une entreprise, dont les avantages seraient impérissables ?

Mais une chose qu’il faut surtout considérer, c’est que ces règlements, qui apparaissent au premier aperçu si écrasants pour les particuliers ou pour les communes qu’ils atteignent, sont tout au contraire conçus dans l’intérêt de ceux mêmes qui semblaient en être les victimes. — Cela est facile à voir, pour l’une et l’autre sorte de règlements.

Pour ceux, en effet, qui introduisent des restrictions dans l’usage de la charrue sur les talus trop déclives, leur conséquence la plus probable sera de pousser les cultivateurs à substituer des cultures permises à celles qui leur sont interdites : ce qui les amène tout naturellement à transformer leurs champs en prairies. On peut compter en toute sûreté sur ce résultat, si, comme nous l’avons proposé plus haut, on fait marcher de front l’ouverture des canaux d’arrosage avec les travaux de reboisement : mesure qui doit sembler bien rationnelle, lorsqu’on considère que ces deux genres de travaux sont complémentaires l’un de l’autre, et qu’ils tendent tous les deux au même but, qui est de retenir les terres, les premiers, en les tapissant de prairies, les seconds, en les recouvrant de forêts. — Or, cette transformation, fût-elle même imposée aux propriétaires par l’action de certains règlements, elle n’en serait pas moins tout à leur avantage, puisque les prairies ont plus de valeur que les champs cultivés ; et la contrainte n’au-