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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/296

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» 2o Boiser les sommets et les flancs des montagnes.

» 3o Encaisser les torrents.

» On va passer en revue chacune de ces trois mesures, l’une après l’autre.

Première mesure.

« On préviendra les défrichements en remettant en vigueur l’ordonnance de 1667, laquelle prononce une amende de 3 000 fr. contre tous ceux qui défricheraient les terrains en pente non boisés.

» On rendra aux terres défrichées leur adhérence primitive en forçant les propriétaires de les convertir en prairies artificielles, soit par le pouvoir des tribunaux, soit par l’action administrative. »

(L’auteur cite ici une expérience, de laquelle il résulte que des semis de sainfoin ont entièrement raffermi une terre, soumise auparavant à de grandes dégradations.)

Deuxième mesure.

« Il suit de quelques évaluations statistiques que la superficie des terrains qu’on peut espérer de reboiser avec succès dans les Basses-Alpes, comprend une aire de 150 000 hectares. Il s’agirait de prendre chaque année dans cette surfaces à 3 000 hectares qu’on s’appliquerait à faire reboiser par les propriétaires mêmes du sol.

» Là se présente plus d’une difficulté.

» D’abord, la grande division des propriétés, qui multipliera les résistances. Ensuite, le peu de revenu que les propriétaires tireront des plantations pendant les premières années. Enfin, la dépense même des plantations qui ne sera pas, dans tous les terrains, en rapport avec les produits futurs.

» Toutes ces difficultés sont très-graves et ne peuvent être tranchées que par un seul expédient : L’intervention de l’État. Elle consisterait :

» 1o En primes données aux planteurs.

» 2o Dans la distribution gratuite des graines.

» 3o Dans une remise de contributions au profit des planteurs.

» Une prime serait accordée à tout propriétaire dont les semis auraient réussi. La vérification en serait faite par une commission, et la réussite constatée dans un procès-verbal adressé par cette commission au préfet. — La valeur de la prime serait de 20 francs par hectare. Elle serait payée par l’État, conjointement avec le département, dans la proportion suivante. L’État payerait les trois quarts et le département le quart. Ainsi, dans la supposition de l’ensemencement de 2 000 hectares par année, le département débourserait chaque année en primes 10 000 francs, et le trésor public en débourserait 30 000.

(Le motif sur lequel M. Dugied fonde cette répartition, qui fait peser la plus grande partie de la dépense sur l’État est précisément celui que j’ai donné moi-même : l’impuissance matérielle du département. — Je vais citer textuellement.)

» … Mes motifs pour que le département ne donne pas plus de 10 000 fr. par an sont, qu’il est très-loin d’être riche ; qu’il ne rentrera pas dans les sommes qu’il fournira, tandis que le