Aller au contenu

Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gouvernement récupérera toutes ses avances ; et que, pour tout dire, sans de pareilles avances de la part de ce dernier, il n’y a pas à espérer que l’opération s’exécute jamais. Sans doute, le département retirera de très-grands avantages ; mais les sacrifices qu’il fera pour aider au succès n’en seront pas moins de véritables sacrifices… »

(Ce qui était une puissante raison au temps où M. Dugied écrivait ces lignes, est devenu, depuis la loi du 10 mai, une nécessité absolue.)

« Le second mode d’intervention, consistant dans la fourniture gratuite des graines, serait entièrement à la charge de l’État. Admettons qu’on ensemence 3 000 hectares par année et qu’on distribue les essences de la manière suivante :

600  hectares en glands.
600  id. en hêtres.
800  id. en pins et sapins.
Total pareil 2 000  hectares.

» La dépense totale des graines, transport compris, serait de 23 400 francs. — Les mêmes frais s’élèveraient à 35 100 fr. si l’on ensemençait 3 000 hectares par année, au lieu de 2 000.

» … L’administration, livrant gratuitement les graines, tiendrait aussi la main à ce que les essences fussent distribuées avec intelligence, et que chaque terrain ne reçût que celles qui conviennent à sa nature. Les penchants trop abrupts seraient ensemencés en buis et en genêts.

» … Les semis auraient aussi besoin d’être défendus contre les bestiaux, et contre les rapines des hommes. Il faudrait pour cela exciter une surveillance plus active et plus sévère de la part des agents forestiers qui resteraient chargés de la garde des futures forêts ; on augmenterait leur nombre ; on perfectionnerait leur organisation ; en même temps on améliorerait leur sort.

» Enfin, passons au troisième moyen : la remise des contributions. — Chaque propriétaire, après une reconnaissance faite de ses semis au bout de cinq ans, jouirait d’une remise de contributions, pendant la durée de dix années. *

» Tels sont les sacrifices que s’imposerait l’État pour arriver peu à peu au reboisement des » montagnes. »

Troisième mesure.

« Elle comprend l’encaissement des torrents. On ne commencerait cet encaissement que lorsque les forêts auraient exercé leurs effets, c’est-à-dire quinze ou vingt ans après les premières plantations. — Les ingénieurs des ponts et chaussées dresseraient les plans des ouvrages à faire. La dépense serait supportée par les propriétaires intéressés et par l’État, qui assumerait la moitié des frais. L’effet des digues serait à la fois de défendre les propriétés riveraines, et de conquérir de nouveaux terrains… »

(L’auteur calcule ici que l’encaissement de la Durance entre Sisteron et le Pertuis de Mirabeau coûterait de 4 à 5 000 000, en cavant au maximum ; que la superficie des terres con-