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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/33

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Je passe à la quatrième classe.

Ici se placent tous les cours d’eau, qui ne peuvent être assimilés aux rivières torrentielles, parce qu’ils n’ont pas un volume d’eau assez fort, ni un parcours assez prolongé ; et qui ne présentant pas la propriété caractéristique des torrents, ne peuvent pas non plus être confondus avec eux. Je les appellerai ruisseaux, comme on le fait généralement dans ce pays, où ces distinctions sont très-bien senties[1].

Plusieurs causes empêchent les ruisseaux de prendre les propriétés des torrents. Tantôt ils coulent sur des pentes douces, qui les privent de vitesse[2] ; tantôt leur volume d’eau est trop faible pour affouiller profondément le terrain[3]. D’autres fois, les berges sont solides et résistent à l’affouillement[4]. Ces causes variées mènent au même résultat : les eaux n’affouillant plus, cessent aussi de déposer, et il n’y a plus de torrent. — Il en résulte que les eaux des ruisseaux coulent toujours limpides, ou peu chargées.

Le parcours des ruisseaux dépasse fréquemment celui des torrents, même les plus prolongés[5] : mais ce parcours se fait dans un bassin resserré. Au contraire, les torrents comprennent toujours, dans l’étendue de leur cours, quelque large bassin, formé par des croupes de montagnes, taillées en amphithéâtre, qui accumulent dans le même lit toute la masse d’eau répandue sur une grande légion[6].

La plupart des cascades du pays appartiennent aux ruisseaux[7]. Cela doit être : car l’existence même de la cascade est un témoignage de la solidité du terrain, aux flancs duquel elle se précipite. Celui-ci ne peut donc pas être affouillé, ni le cours d’eau former un torrent.

Après avoir divisé tous les cours du département en quatre classes, il est nécessaire de faire une observation. C’est qu’il ne faudrait pas considérer ces classes comme des moules invariables, dans lesquels chaque

  1. Rif, Rio, ou Riou.
  2. Le Rio-Claret, — la Luye à Gap.
  3. Le Rio-Clar, le ruisseau de Chanmatéron.
  4. Ruisseaux de Chagne, — de Riou-Bel.
  5. Idem.
  6. Voyez la figure 15.
  7. Cascades du Rif-Tors, des Fréaux, de Paris, dans des rochers de gneiss ; — cascade de Châteauroux, dans le grès.