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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/34

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cours d’eau doit nécessairement trouver sa place. On sait bien que les choses ne se passent jamais dans la nature d’une manière aussi géométrique que dans notre intelligence ; et c’est notre intelligence seule qui crée des types.

Il y a des cours d’eau qui n’appartiennent rigoureusement à aucune des quatre classes, et qui, dans toute l’étendue de leur cours, ne manifestent que des caractères mixtes, résultant de la fusion de deux classes voisines. Ceux-là se placent dans les transitions[1].

Il y a plus. Le même cours, observé en différents points de son développement, ne présente pas partout les mêmes caractères. Ainsi la rivière commence par être un ruisseau ou un torrent. Quand elle entre dans de larges vallées, elle divague ; quand elle traverse des étranglements, où son cours est resserré, elle coule à la manière des rivières torrentielles.

On sait que les traces d’anciens lacs sont fréquentes dans ces montagnes. Or, c’est une règle constante qu’un cours d’eau, quelle que soit sa classe, dès qu’il entre dans un de ces bassins, divague, et conserve, tout le long de la traversée, les caractères des rivières[2]. Mais tandis que cette circonstance arrive ici une fois, et par hasard, elle se manifeste d’une manière générale dans toutes les rivières, et se répète, sans interruption, tout le long de leur cours : ici elle constitue un caractère permanent ; là elle apparaît comme un accident.

Ce qui, dans cette division en quatre classes, est tout à fait réel et absolu, c’est l’accord constant des propriétés qui définissent chacune d’elles. Ces propriétés forment véritablement quatre groupes distincts, et, dans chaque groupe, les faits sont liés, inséparables, et réciproquement corollaires les uns des autres. Dès qu’un cours d’eau prend l’une des propriétés, il prend inévitablement toutes les autres. Ainsi, quand il entre dans un de ces bassins d’anciens lacs, non-seulement il divague, et s’assi-

  1. Les torrents de l’Ascension et de Prareboul tombent en cascades comme les ruisseaux.

    La Bioux tient le milieu entre le » torrent » et les rivières torrentielles.

    La Rousine participe à la fois des ruisseaux, des rivières torrentielles et des rivières.

  2. La Biaisse, à Frayssinières, — la Gironde, à Vallouise, — le Guil, au Château-Queyras, — la rivière d’Ancelle, dans le bassin du même nom (Champsaur), — le Cristillon, dans la vallée de Ceillac, — la Romanche, au Bourg-d’Oisans.