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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/87

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maçonnerie sèche, et la surface extérieure est dressée avec le même soin que celle du perré. Elle suit une courbe arrondie qui part horizontalement du pied du perré, et pénètre dans le sol suivant une tangente verticale. On donne ordinairement à l’enrochement 3 mètres de largeur, sur 2 mètres de profondeur[1].

Je, décris simplement les procédés en usage. Je ne les donne pas comme les meilleurs, mais comme ceux qui ont été employés jusqu’à ce jour, et sur lesquels on a recueilli des observations, qui auraient peut-être été autres, avec d’autres modes de construction. Dans ma pensée, la forme que l’on donne aux enrochements, n’est pas la plus convenable. On dresse leur surface suivant une courbe convexe du côté des eaux. Or, c’est tout l’opposé qu’il faudrait faire. La courbe devrait être concave, se raccorder tangentiellement avec le perré, pénétrer dans le sol à une plus grande profondeur que la courbe actuelle, et se terminer par une tangente horizontale. L’enrochement pourrait n’être formé que d’un seul rang de blocs, et deviendrait un véritable prolongement du perré, continué suivant des inclinaisons de plus eu plus douces, et avec des blocs de plus en plus volumineux[2]. Cette courbe est celle que forment d’eux-mêmes les cours d’eau rapides, au milieu des terrains caillouteux, dans les parties de leur lit, où le régime a pris quelque stabilité. On peut l’observer sur beaucoup de points de la Durance, où les eaux se sont mises en équilibre avec la résistance du lit.

2o Les murs à chaux et sable, sans enrochement, étaient fréquemment employés autrefois. Jusqu’à ce jour on regardait ce genre de construction comme étant plus solide que tous les autres. Cela est tout au plus vrai pour les épis, et cela n’est plus vrai pour les digues longitudinales. — On peut constater, sur une foule de points, que de pareilles digues construites à chaux et à sable, ont été renversées, là où les perrés ont tenu[3]. Quand le torrent creuse, le perré résiste mieux qu’un mur, parce

  1. Voyez la figure 11.
  2. J’en ai fait construire dans ce système à Savines.
  3. Sur le torrent de Théus, la rive droite est endiguée par un perré, la rive gauche par un mur. Le perré résiste ; le mur est très-souvent avarié ; et chaque fois qu’on a réparé une brèche, on a remplacé le mur par un perré, lequel a tenu bon.

    — Sur le torrent de Réalon, même fait.