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Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/20

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s’effectue en caravane, ce qui offre un spectacle des plus pittoresques et curieux. Les passagers regardent de tous leurs yeux tandis que l’équipage s’active sous l’impulsion des officiers. Michette est là, dans la foule, naturellement, curieuse de tout, mais surtout d’un petit lieutenant qu’elle a repéré et qui occupe ses pensées. Malheureusement pour elle malgré tous ses efforts, elle n’a pu encore enregistrer la plus petite victoire. Il semble ne pas la voir car il n’a d’yeux et de soins que pour Irma Frodytte qui, elle, de son côté ne jure que par son protégé, le Roumain Cémoa Quévla qui, lui… mais il est ambitieux…

Accoudée au bastingage, la petite Michette songe au moyen de rendre la chance favorable à son caprice ; elle rumine mille idées, élabore des plans qu’elle étudie avec l’expérience déjà grande qu’elle a pu acquérir dans l’armée de Cupidon, malgré son jeune âge, mais on sait que dans cette armée-là, la valeur perd plutôt à attendre le nombre des années… Tellement absorbée, elle ne s’aperçoit même pas que le bateau est maintenant engagé dans le canal et fait route vers Suez. Pour la centième fois, elle repasse dans sa tête les différentes façons de s’imposer à l’attention attendrie de l’objet de sa flamme. Lui envoyer une déclaration ? Ça le flatterait peut-être ; personne n’est tout à fait indifférent à cela, mais de là à le troubler… Non, ça doit lui arriver trop souvent. Il sourirait en lisant… et puis la lettre s’en irait au paradis des vieux papiers. Risquer une déclaration ? Ce serait jouer tout son jeu d’un coup, car s’il la prenait mal, la pauvre Michette serait grotesque et tout serait fini… Ah ! pourquoi, l’animal, est-il justement insensible aux habituelles stratégies de la belle petite gosse… Serait-elle devenue laide… tout d’un coup ! Si encore sa cabine n’était pas loin de la sienne, elle saurait bien s’arranger pour lui faire entrevoir un tas de choses délicieuses qui lui donneraient le goût et l’idée de mieux voir et d’observer de plus près ce qu’il semble aujourd’hui ignorer. Hélas ! la cabine est loin !

— Pourquoâ, vous, toujours partir quand je arrive ?